Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/168

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ni de secours. Je suis aussi bon guide qu’aucun de vous, messieurs mes compatriotes. Cela dit, donnez-nous à boire et à manger.

Ce fut de la même façon et dans les mêmes termes que, le soir, après qu’ayant lutté avec les difficultés croissantes du chemin, ils furent arrivés à leur destination pour la nuit, Obenreizer s’adressa aux gens de l’Hospice, qui se pressaient autour d’eux devant le foyer, tandis qu’ils ôtaient leurs chaussures humides.

— Il est très-bien de se parler les uns aux autres franchement comme des amis, — dit-il. — Monsieur a un motif très-pressant de traverser le passage.

— Le plus pressant motif, — répéta Vendale en souriant.

— Et il faut qu’il le traverse ! — reprit Obenreizer. — Nous n’avons besoin ni d’avis ni de secours. Je suis un enfant des montagnes, et un bon guide : ne vous tourmentez pas plus longtemps à ce sujet. Donnez-nous à souper, du vin, et des lits.

Pendant le froid terrible de cette nuit qui commençait, la même tranquillité sinistre régna dans le désert des montagnes et au ciel. Au point du jour, pas une lueur de soleil pour rougir ou dorer la neige. Partout la même blancheur infinie et mortelle, le même silence sans borne, la même redoutable tristesse.

— Voyageurs ! — cria, au travers de la porte, une voix sympathique.

Dès qu’ils furent sur pied, le sac au dos, le bâton en main, celui qui les avait éveillés leur adressa encore la parole.