Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/184

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Cette étude, quelque peu champêtre, ne rappelait en rien le solennel logis du notaire Anglais. Elle était située dans le fond d’une cour, riante et proprette, et s’ouvrait sur un joli parterre tout rempli de fleurs. Des chèvres broutaient non loin de la porte ; la vache paissait si près de la maison que l’excellente bête, en avançant seulement d’une dizaine de pieds, aurait pu venir faire compagnie au clerc. Le cabinet de Maître Voigt était petit, clair, et tout verni ; les murs étaient recouverts de panneaux de bois ; il ressemblait à ces chambres rustiques qu’on voit dans les boîtes de jouets d’enfants ; la fenêtre, suivant la saison, était ornée de roses, d’hélianthes, de roses trémières. Les abeilles de Maître Voigt bourdonnaient à travers l’étude pendant tout l’été, entrant par une fenêtre et sortant par l’autre, comme si elles eussent été tentées de faire leur miel avec le doux caractère de Maître Voigt. De temps en temps, une grande boîte à musique, placée sur la cheminée, partait en cadence sur l’ouverture de Fra Diavolo, ou bien chantait des morceaux de Guillaume Tell avec gazouillements joyeux. Survenait-il quelque client, il fallait bien arrêter le ressort ; mais l’harmonieux instrument se remettait à chanter de plus belle, dès que le client était parti.

— Courage, courage, mon brave garçon, — dit Maître Voigt, en caressant les genoux d’Obenreizer d’un air paternel : — vous allez commencer une nouvelle vie, auprès de moi dans mon étude, et cela demain matin.

Obenreizer, en habit de deuil, l’air humble et sou-