Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/202

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— Quelqu’un devrait lui parler, — dit Maître Voigt. — Dois-je le faire ?

Même en ce moment, Bintrey s’opiniâtra à faire taire l’heureux possesseur de l’horloge à secret, l’homme de loi Anglais entendant se réserver entièrement la direction de cette affaire. Il fit signe à Marguerite et à Vendale de sortir.

— Le but de votre apparition soudaine est rempli, — dit-il à ce dernier. — Éloignez-vous, quant à présent. Votre absence aidera sans doute Monsieur Obenreizer à recouvrer le sens et la voix qu’il a perdus.

Bintrey avait deviné juste.

À peine les deux fiancés eurent-ils disparu, à peine la porte brune se fut-elle refermée derrière eux qu’Obenreizer fit entendre un profond soupir. Il chercha une chaise autour de lui et s’y laissa tomber lourdement.

— Donnez-lui le temps de se remettre, — fit Maître Voigt.

— Point du tout, — dit Bintrey, — je ne sais l’usage qu’il ferait de ce temps, si je le lui accordais.

— Monsieur, — reprit-il, en se retournant vers Obenreizer. — Je me dois à moi-même… remarquez bien que je n’admets pas que je vous doive quelque chose à vous… d’expliquer mon intervention dans tout ceci, et de vous apprendre ce qui a été fait d’après mes avis, sous ma responsabilité entière. Êtes-vous en état de m’écouter ?

— Je vous écoute.

— Rappelez-vous l’époque à laquelle vous vous êtes mis en route pour la Suisse avec Vendale, — com-