Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/204

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C’est la première fois, Monsieur Obenreizer, qu’une superstition a servi à quelque chose. Cette terreur qui paraissait sans fondement, a décidé votre nièce à entreprendre ce voyage et l’a conduite à sauver la vie de celui qu’elle aimait. Jusqu’ici me comprenez-vous ?

— Jusqu’ici, je vous comprends.

— La première connaissance de votre crime, — poursuivit l’Anglais, — me parvint par une lettre de Mademoiselle Marguerite, et tout ce qu’il me reste à vous faire savoir, c’est que son amour et son courage surent retrouver votre victime. Elle mit toute son énergie à rappeler Monsieur Vendale à la vie. Tandis qu’il était mourant, soigné par elle à Brietz, elle m’écrivait pour me prier de me rendre auprès de lui. Avant mon départ, j’avertis Madame Dor de ce que je venais d’apprendre ; je lui dis que Mademoiselle Obenreizer était en sûreté et que je connaissais le lieu de sa retraite. La bonne dame, à son tour, m’informa qu’une lettre était arrivée pour votre nièce, et qu’elle avait reconnu votre écriture. Je m’en emparai et pris des arrangements pour que toutes celles qui suivraient me fussent remises. Arrivé à Brietz, je trouvai Monsieur Vendale hors de danger, et je m’employai tout de suite à hâter le jour où je pourrais régler enfin mes comptes avec vous… Je savais que Defresnier et Compagnie s’étaient séparés de vous sur de certains soupçons ; je le savais mieux que personne, car ils n’ont agi que sur des renseignements particuliers que je leur avais fait passer. Vous ayant donc dépouillé tout d’abord de votre honorabilité menteuse, il me restait à vous arracher votre autorité