Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Durant quelques instants, le notaire regarda de tous côtés. Placé entre Obenreizer et Bintrey, il ne savait auquel entendre, car il était plongé dans un étonnement qui lui enlevait l’exercice de la raison. Enfin il se remit, il attira son confrère dans un coin de la chambre et lui dit quelques mots.

Le visage de Bintrey, après avoir réfléchi, pendant un moment, comme un miroir, la surprise peinte sur celui de Maître Voigt, changea subitement d’expression. Avec l’ardeur d’un jeune homme, il s’élança vers la porte brune, disparut, et revint aussitôt suivi de Vendale et de Marguerite.

— Les voici ! — cria-t-il à Obenreizer. — À vous la dernière manche de la partie. Jouez serré.

— Avant d’abdiquer, comme tuteur, mon autorité sur cette jeune fille, — dit Obenreizer, — mon devoir me commande de lui révéler un secret auquel elle est intéressée. Je ne réclame point son attention à la légère, et je ne lui demande point, ni aux autres personnes présentes, d’en croire mon récit sur parole. J’ai en main des preuves écrites. Ce sont des copies d’originaux dont l’authenticité pourra être attestée par Maître Voigt lui-même. Faites bien entrer cela dans son esprit, et reportons-nous ensemble à une époque déjà bien vieille… au mois de Février de l’année 1836.

— Remarquez cette date, Vendale, — s’écria Bintrey.

— Ma première preuve, — continua Obenreizer, tirant un papier de son portefeuille, — est la copie d’une lettre écrite par une dame Anglaise, une femme mariée… à sa sœur qui est veuve. Je tairai le nom