Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/32

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fonça bien dans son fauteuil, et mit devant lui un grand encrier, puis il donna l’ordre d’introduire les postulantes.

Il lui arriva ce qui doit arriver en semblable circonstance à tout célibataire connu pour être à son aise. Wilding vit défiler devant lui l’espèce ordinaire des femmes répugnantes et l’ordinaire espèce des femmes trop sympathiques. La première qui se présenta fut la veuve d’un boucanier déterminée à s’emparer de lui quand même ; elle étreignait son parapluie sous son bras comme si elle se fût imaginée que ce parapluie était Walter Wilding lui-même et qu’elle le tenait déjà dans ses serres. Vinrent ensuite plusieurs de ces vieilles filles qui « ont vu de meilleurs jours » et qui arrivent armées de certificats cléricaux attestant que la théologie ne leur est point étrangère ; puis ce fut le tour des demoiselles, qui s’offraient à Wilding pour l’épouser sans façon. Il vint encore des femmes de charge de profession, aux allures militaires, qui lui firent subir un interrogatoire en règle sur ses mœurs et ses habitudes ; de languissantes malades pour qui la question des gages n’était que secondaire et qui recherchaient surtout le confort d’un hospice particulier ; de sensibles créatures qui éclataient en pleurs dès que Wilding leur adressait une question et auxquelles il dut faire boire plusieurs verres d’eau sucrée pour les apaiser, etc.

Le courage de Wilding allait lui manquer quand une nouvelle venue se présenta.

C’était une femme de cinquante ans environ, bien qu’à certains moments elle parût plus jeune, par