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Page:Dickens - La Petite Dorrit - Tome 2.djvu/304

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peine de reparaître. Peut-être que oui, peut-être que non. Mais vous êtes venu mettre des bâtons dans les roues. À présent à votre tour de parler. Qu’est-ce que vous me voulez ? »

Jamais Arthur n’avait regretté sa captivité avec plus d’amertume qu’en ce moment, lorsque, après avoir retrouvé cet homme, il se voyait dans l’impossibilité de l’accompagner chez Mme Clennam. Toutes les difficultés mystérieuses, tous les dangers qu’il avait prévus et qui maintenant se rapprochaient et s’amassaient autour de sa maison, le trouvaient pieds et poings liés.

« Peut-être, mon cher philosophe, ami de la vertu, imbécile et cætera, peut-être auriez-vous mieux fait de me laisser tranquille, continua Rigaud cessant de boire pour regarder par-dessus son verre avec un sourire sinistre.

— Non, répondit Clennam. Car, au moins, on saura que vous êtes vivant et qu’il ne vous est rien arrivé. Au moins vous n’échapperez pas à ces deux témoins, et ils pourront vous conduire devant le premier magistrat venu, devant une foule de gens.

— Mais ils ne me conduiront devant personne, riposta Rigaud, faisant claquer ses doigts d’un air de menace triomphante. Au diable vos témoins ! Au diable votre magistrat ! Au diable vous et vos amis ! Je sais bien ce que je sais, allez ! Est-ce que je n’ai pas une bonne marchandise à vendre ? bah ! bah ! pauvre diable de débiteur, vous avez dérangé mes petits projets : c’est vrai. En bien, après ? Qu’en résulte-t-il ? Rien pour vous, tout pour moi. Me montrer au grand jour, moi ! Ah, c’est là ce que vous voulez ! Je me montrerai bien moi-même, et plutôt qu’on ne voudrait peut-être ! Contrebandier, une plume, de l’encre et du papier ! Allons, vite ! »

Cavalletto se leva comme la première fois et posa devant Rigaud tout ce qu’il venait de demander. Rigaud, après avoir souri d’un air sinistre à ses hideuses pensées, écrivit rapidement quelques lignes qu’il lut à haute voix dès qu’il eut fini.


À Madame Clennam.
(On attend la réponse.)
Prison de la Maréchaussée, appartement
de votre fils,
« Chère madame,

« Je suis désolé d’apprendre aujourd’hui de notre aimable prisonnier (qui a eu l’obligeance de mettre des espions à mes trousses, ne pouvant plus s’y mettre lui-même parce qu’il vit dans la retraite pour des raisons politiques), que vous avez tremblé pour mes jours.

« Rassurez-vous, chère madame. Je suis vivant, bien portant et constant.

« Je brûle d’impatience d’aller vous voir ; mais je crains que, vues les circonstances, vous ne soyez pas encore décidée à accepter la petite proposition que j’ai eu l’honneur de vous faire. J’aurai donc le plaisir de me présenter chez vous d’aujourd’hui en huit ; vous voudrez bien