Page:Dickens - Le Grillon du foyer.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
GRILLON DU FOYER

avez trop compassion de moi. Dot, regardez dans la chambre où nous étions, où est mon père, mon père si plein de compassion et d’amour pour moi, et dites-moi ce que vous voyez.

— Je vois, dit Dot, qui la comprit bien, un vieillard assis sur une chaise, appuyé tristement sur le dossier, avec son visage dans sa main, comme si son enfant devait le consoler, Berthe.

— Oui, oui, elle le consolera. Allons.

— C’est un vieillard usé par les soucis et le travail. C’est un homme maigre, abattu, pensif, à cheveux gris. Je le vois maintenant accablé et courbé, s’agitant pour rien. Mais je l’ai vu déjà bien souvent, Berthe, en s’agitant pour travailler de plusieurs manières pour un objet sacré. Et, j’honore sa tête grise, et je le bénis !

La jeune aveugle, la quittant et allant se jeter aux genoux du vieillard, pressa sa tête grise sur son sein.

— La vue m’est rendue, s’écria-t-elle, j’y vois. J’étais aveugle et maintenant mes yeux se sont ouverts. Je ne l’avais jamais connu. Dire que j’aurais pu mourir sans avoir jamais connu un père qui m’a si tendrement aimée !

Aucune parole ne peut rendre l’émotion de Caleb.

— Il n’est aucune figure sur la terre, s’écria l’aveugle en l’embrassant, que je puisse aimer et chérir autant que celle-ci, quelque belle qu’elle fût. Plus cette tête est grise, et ce visage usé, plus ils me sont chers, mon père. Qu’on ne dise plus désormais que je