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GRILLON DU FOYER.

et son baby dans ses bras, une vraie poupée que ce baby ; elle regardait le feu d’un air pensif, et inclinait sa petite tête délicate sur le côté du grand et robuste voiturier, avec une grâce demi naturelle, demi affectée. On aurait eu plaisir à voir celui-ci la soutenir avec une tendre gaucherie, et faisant de son âge mûr un soutien pour la jeunesse de sa femme. On aurait eu plaisir à voir la servante Tilly Slowbody, attendant qu’on la chargeât du soin du baby, regarder ce groupe d’un air d’intérêt, les yeux et la bouche ouverts, et la tête en avant. Ce n’était pas moins agréable de voir John le voiturier, sur une observation de Dot, retenir sa main qui était sur le point de toucher l’enfant, comme s’il craignait de le briser, et se contentant de le regarder à distance avec orgueil ; tel qu’un gros chien ferait vis-à-vis d’un canari, s’il arrivait qu’il en fût le père.

— N’est-ce pas qu’il est beau John ? Comme il est joli quand il dort.

— Bien joli, dit John, très joli. Il dort presque toujours, n’est-ce pas ?

— Mon Dieu, non, John.

— Oh ! dit John d’un air réfléchi. Je croyais qu’il avait généralement les yeux fermés.

— Bonté de Dieu. John, vous l’éveillez.

— Voyez comme il les tourne, dit le voiturier étonné, et sa bouche, il l’ouvre et la ferme comme un poisson doré.