nous dira le nom, avec la date de sa naissance, d’ici à une demi-heure… nous voudrions voir abandonner ce sujet. Nous désirons que tous les esprits se concentrent sur les bienfaisants travaux du jour. »
Ce « sujet » occupa néanmoins les élèves toute la journée, à ce point que Mlle Ferdinand provoqua un nouveau trouble, en se posant à la dérobée des moustaches en papier noirci pendant le dîner et en faisant le simulacre de jeter une carafe d’eau à la tête de Mlle Giggles, qui prit sa fourchette pour se défendre.
Quant à Rosa, elle pensa beaucoup à cette malheureuse querelle ; elle y pensait avec le désagréable sentiment d’y avoir été mêlée.
C’était toujours la suite de la fausse position que lui créait son engagement matrimonial ; n’étant jamais libre de ce souci lorsqu’elle se trouvait avec son futur époux, elle n’en était pas affranchie davantage quand ils étaient séparés.
Ce jour-là, Rosa fut obligée de se replier beaucoup sur elle-même et privée de la consolation de causer librement avec sa nouvelle amie.
La querelle ayant eu lieu entre Edwin Drood et le frère d’Helena, celle-ci évitait un sujet de conversation aussi délicat que difficile pour toutes les deux.
En ce moment, critique entre tous, on annonça le tuteur de Rosa, qui venait lui rendre visite.
M. Grewgious avait été parfaitement choisi pour la mission qu’il avait à remplir, car c’était un homme d’une intégrité incorruptible ; par exemple, il n’avait aucune autre qualité extérieurement appréciable.
Qu’on imagine un homme aride et sec qui, s’il avait été soumis à la pression d’un moulin, aurait produit une poudre aussi parfaitement sèche que lui-même.
M. Grewgious avait sur la tête de rares cheveux, qui présentaient la consistance et la couleur de la filasse ; cela ressemblait si peu à une chevelure humaine, qu’on aurait cru plutôt que c’était une perruque ; mais comment supposer que personne pût volontairement se faire une pareille tête.
Les traits du petit visage de M. Grewgious semblaient