pas un doute. Quand vous étiez tous deux enfants, on essayait déjà de vous y accoutumer, et les choses ont bien tourné ! Mais les circonstances peuvent changer et je suis venu vous rendre visite aujourd’hui, en partie et principalement pour m’acquitter d’un devoir envers vous, ma chère ; je devais vous dire que deux jeunes gens ne peuvent être engagés dans les liens du mariage (excepté dans les unions de convenance qui sont une chose impie et malheureuse), que de leur propre et libre volonté, lorsqu’ils y sont portés par un attachement mutuel et qu’ils ont l’un et l’autre l’assurance (assurance qui peut être ou n’être pas démentie par l’événement, la chance en est à courir), qu’ils sont faits l’un pour l’autre et qu’ils se rendront heureux. Est-il à supposer, par exemple, que si le père de l’un de vous vivait encore en ce moment et avait un doute à ce sujet, ses idées ne se seraient point modifiées par les changements de circonstances survenus entre vous avec les années et qu’il se croirait engagé par une promesse si ancienne ? Une pareille supposition serait insoutenable, déraisonnable, illogique, absurde. »
M. Grewgious avait dit tout cela comme s’il faisait une lecture à haute voix ou comme s’il répétait une leçon.
Son visage était comme toujours dépourvu d’expression, ses manières de toute spontanéité.
« Maintenant, ma chère, ajouta-t-il après avoir effacé le mot Testament avec son crayon, j’ai rempli un devoir de conscience, mais qui n’en est pas moins un devoir positif dans le cas présent. Mon mémorandum porte le mot Désirs. Avez-vous, ma chère, quelques désirs que je puisse satisfaire ?
Rosa secoua la tête d’un air presque douloureux, avec l’hésitation d’une petite personne qui aurait grand besoin de conseils.
« Avez-vous quelques instructions à me donner concernant vos affaires ?
— Je… je préférerais… si vous y consentez… tout arranger d’abord avec Eddy, dit Rosa en disposant les plis de sa robe.
— Certainement… certainement… répondit M. Grewgious ; vous devez tous les deux n’avoir qu’un sentiment