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Page:Dickens - Le Mystère d'Edwin Drood, 1880.djvu/40

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même si elles me voyaient, fit observer Edwin, non sans donner un coup d’œil à ses bottes avec un certain sentiment de déplaisir.

— Rien n’échappe à leur attention, monsieur. Et puis, je sais bien ce qui arriverait. Quelques-unes ne manqueraient pas de dire devant moi, car elles sont très-franches, que jamais elles ne s’engageraient à un amoureux qui ne porterait pas de bottes vernies. Silence !… voici Mlle Twinkleton. Je vais lui demander la permission de sortir. »

On entendait en effet cette dame si discrète parlant au dehors sur le ton de la plus aimable conversation à une personne imaginaire.

« Ah ! en vérité… êtes-vous bien sûre que mon tire-boutons en nacre de perle soit sur ma table à ouvrage dans ma chambre ? »

La permission d’une promenade sollicitée par Rosa fut à l’instant et gracieusement accordée.

Immédiatement le jeune couple sortit de la Maison des Nonnes avec toutes les précautions possibles pour qu’on ne découvrît pas l’état défectueux des bottes de M. Edwin Drood, précautions suffisantes, espérons-le, pour assurer la tranquillité de la future Mme Edwin Drood.

« Où irons-nous, Rosa ?

— Je désire me rendre à la boutique du marchand de délices.

— De ?…

— Ce sont des bonbons turcs, monsieur… Vous ne comprenez donc rien ? Vous vous qualifiez d’ingénieur et vous ne connaissez pas cela ?

— Comment le connaîtrais-je, Rosa ?

— Parce que j’aime ces bonbons à la folie… Oh ! j’oubliais que vous devez paraître épris d’une autre. Vous n’avez rien à savoir sur ces bonbons ; n’y pensez plus. »

Ils prirent donc assez tristement le chemin de la boutique du marchand de délices où Rosa fit ses achats.

Elle n’oublia pas d’offrir quelques bonbons à Edwin, offre qu’il repoussa dédaigneusement.

Rosa se mit à les attaquer avec une grande ardeur, après avoir préalablement retiré et roulé une petite paire de gants couleur feuille de rose.