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Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/279

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« Je suis capitaliste assureur de navires. »

Je suppose qu’il vit mon regard errer autour de la chambre à la recherche de quelque chose qui rappelât la navigation ou le capital, car il ajouta :

« Dans la Cité. »

J’avais une haute idée de la richesse et de l’importance des assureurs maritimes de la Cité, et je commençai à penser avec terreur que j’avais renversé autrefois ce jeune assureur sur le dos, que j’avais noirci son œil entreprenant et fait une entaille à sa tête commerciale. Mais alors, à mon grand soulagement, l’étrange impression qu’Herbert Pocket ne réussirait jamais, et ne serait jamais riche, me revint à l’esprit. Il continua :

« Je ne me contenterai pas à l’avenir d’employer uniquement mes capitaux dans les assurances maritimes ; j’achèterai quelques bonnes actions dans les assurances sur la vie, et je me lancerai dans quelque conseil de direction ; je ferai aussi quelques petites choses dans les mines, mais rien de tout cela ne m’empêchera de charger quelques milliers de tonnes pour mon propre compte. Je crois que je ferai le commerce, dit-il en se renversant sur sa chaise, avec les Indes Orientales, j’y ferai les soies, les châles, les épices, les teintures, les drogues et les bois précieux. C’est un commerce intéressant.

— Et les profits sont grands ? dis-je.

— Énormes ! » dit-il.

L’irrésolution me revint, et je commençai à croire qu’il avait encore de plus grandes espérances que les miennes.

« Je crois aussi que je ferai le commerce, dit-il en mettant ses pouces dans les poches de son gilet, avec les Indes Occidentales, pour le sucre, le tabac et le