Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/313

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profondeur naturelle. Voyez sa chaîne de montre, elle est vraie, je pense.

— Elle est très-massive, dis-je.

— Massive, répéta Wemmick, je le crois, et sa montre à répétition est en or et vaut cent livres comme un sou. Monsieur Pip, il y a quelque chose comme sept cents voleurs dans cette ville qui savent tout ce qui concerne cette montre ; il n’y a pas un homme, une femme ou un enfant parmi eux qui ne reconnaîtrait le plus petit anneau de cette chaîne, et qui ne le laisserait tomber, comme s’il était chauffé à blanc, s’il se laissait aller à y toucher. »

En commençant par ce sujet, et passant ensuite à une conversation d’une nature plus générale, M. Wemmick et moi nous sûmes tromper le temps et la longueur de la route jusqu’au moment où il m’annonça que nous étions entrés dans le district de Walworth.

Cela me parut être un assemblage de ruelles retirées, de fossés et de petits jardins, et présenter l’aspect d’une retraite assez triste. La maison de Wemmick était un petit cottage en bois, élevé au milieu d’un terrain disposé en plates bandes ; le faîte de la maison était découpé et peint de manière à simuler une batterie munie de canons.

« C’est mon propre ouvrage, dit Wemmick ; c’est gentil, n’est-ce pas ? »

J’approuvai hautement l’architecture et l’emplacement. Je crois que c’était la plus petite maison que j’eusse jamais vue ; elle avait de petites fenêtres gothiques fort drôles, dont la plus grande partie étaient fausses, et une porte gothique si petite qu’on pouvait à peine entrer.

« C’est un véritable mât de pavillon, dit Wemmick, et les dimanches j’y hisse un vrai drapeau, et puis, voyez : quand j’ai passé ce pont, je le relève ainsi, et je coupe les communications. »