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Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/315

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préparés dans cette retraite, et notre punch rafraîchissait dans un lac factice sur le bord duquel s’élevait le berceau. Cette pièce d’eau, avec une île dans le milieu, qui aurait pu servir de saladier pour le souper, était de forme circulaire et on avait construit à son centre une fontaine qui, lorsqu’on faisait mouvoir un petit moulin en ôtant le bouchon d’un tuyau, jouait avec assez de force pour mouiller complètement le dos de la main.

« C’est moi qui suis mon ingénieur, mon charpentier, mon jardinier, mon plombier ; c’est moi qui fais tout, dit Wemmick en réponse à mes compliments. Eh bien, ça n’est pas mauvais ; tout cela efface les toiles d’araignées de Newgate, et ça plaît au vieux. Il vous est égal d’être présenté de suite au vieux, n’est-ce pas ? Ce serait une affaire faite. »

J’exprimai la bonne disposition dans laquelle je me trouvais, et nous entrâmes au château. Là, nous trouvâmes, assis près du feu, un homme très-âgé, vêtu d’un paletot de flanelle, propre, gai, présentable, bien soigné, mais étonnamment sourd.

« Eh bien ! vieux père, dit Wemmick en serrant les mains du vieillard d’une manière à la fois cordiale et joviale, comment allez-vous ?

— Ça va bien, John, ça va bien, répondit le vieillard.

— Vieux père, voici M. Pip, dit Wemmick, je voudrais que vous pussiez entendre son nom. Faites-lui des signes de tête, M. Pip, il aime ça… faites-lui des signes de tête, s’il vous plaît, comme si vous étiez de son avis !

— C’est une jolie maison qu’a là mon fils, monsieur, dit le vieillard, pendant que j’agitais la tête avec toute la rapidité possible ; c’est un joli jardin d’agrément, monsieur ; après mon fils, ce charmant endroit et les ma-