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Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/93

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figure de cire représentant je ne sais plus quel personnage impassible, exposé après sa mort. Dans une autre occasion, j’avais été voir, à la vieille église de nos marais, un squelette couvert de riches vêtements qu’on venait de découvrir sous le pavé de l’église. En ce moment, la figure de cire et le squelette me semblaient avoir des yeux noirs qu’ils remuaient en me regardant. J’aurais crié si j’avais pu.

— Qui est là ? demanda la dame assise à la table de toilette.

— Pip, madame.

— Pip ?

— Le jeune homme de M. Pumblechook, madame, qui vient… pour jouer.

— Approche, que je te voie… approche… plus près… plus près… »

Ce fut lorsque je me trouvai devant elle et que je tâchai d’éviter son regard, que je pris une note détaillée des objets qui l’entouraient. Je remarquai que sa montre était arrêtée à neuf heures moins vingt minutes, et que la pendule de la chambre était aussi arrêtée à la même heure.

« Regarde-moi, dit miss Havisham, tu n’as pas peur d’une femme qui n’a pas vu la lumière du soleil depuis que tu es au monde ? »

Je regrette d’être obligé de constater que je ne reculai pas devant l’énorme mensonge, contenu dans ma réponse négative.

« Sais-tu ce que je touche là, dit-elle en appuyant ses deux mains sur son côté gauche.

— Oui, madame. »

Cela me fit penser au jeune homme qui avait dû me manger le cœur.

« Qu’est-ce ?