Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/260

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« Qu’est-ce que tout cela ? dit M. Jaggers, vous avez un vieux père et vous vous livrez à des plaisirs innocents ?

— Eh bien ! je ne les apporte pas ici.

— Pip, dit M. Jaggers en posant sa main sur mon bras et souriant ouvertement, cet homme doit être le menteur le plus rusé de tout Londres.

— Pas le moins du monde, répondit Wemmick s’enhardissant de plus en plus, je crois que vous en êtes un autre. »

Ils échangèrent encore une fois leurs singuliers regards, chacun paraissant craindre que l’autre ne l’emportât sur lui.

« Vous avez un intérieur charmant ?

— Puisque cela ne gêne pas les affaires, repartit Wemmick, qu’est-ce que cela vous fait ? Maintenant que je vous regarde, monsieur, je ne serai pas étonné si un de ces jours vous cherchez à avoir un intérieur agréable quand vous serez fatigué du travail. »

M. Jaggers fit deux ou trois signes de tête rétrospectifs et poussa un soupir.

« Pip, dit-il, ne parlons plus de ces pauvres rêves, vous en savez sur ces sortes de choses plus que moi, car vous avez une expérience plus fraîche. Mais, à propos de cette autre affaire, je vais vous faire une supposition, mais faites attention que je n’admets rien. »

Il attendit que je déclarasse que je comprenais parfaitement qu’il avait expressément signifié qu’il n’admettait rien.

« Maintenant, Pip, dit M. Jaggers, supposez qu’une femme, dans des circonstances semblables à celles que vous avez mentionnées, ait tenu son enfant caché et ait été obligée de communiquer le fait à son conseil légal, sur l’observation faite par celui-ci, qu’il doit tout