Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/264

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vu en si mauvais termes, car généralement ils s’entendaient bien ensemble.

Mais ils furent heureusement secourus par l’apparition opportune de Mike, le client à casquette de loutre, qui avait l’habitude d’essuyer son nez sur sa manche, et que j’avais vu la première fois que j’étais entré dans ces murs. Cet individu qui, pour son propre compte, ou pour celui de quelques membres de sa famille, semblait toujours être dans l’embarras (l’embarras ici signifiait Newgate) venait annoncer que sa fille aînée avait été arrêtée et était inculpée de vol dans une boutique. Pendant qu’il faisait part de cette triste circonstance à Wemmick, M. Jaggers se tenait magistralement devant le feu, sans prendre part à ce qui se disait. Une larme brilla dans l’œil de Mike.

« Qu’avez-vous encore ? demanda Wemmick avec la plus profonde indignation. Pourquoi venez-vous pleurnicher ici ?

— Je ne suis pas venu pour cela, monsieur Wemmick.

— Si fait, dit Wemmick, comment osez-vous ?… Vous n’êtes pas dans un état convenable pour venir ici, si vous ne pouvez venir sans cracher comme une mauvaise plume. Qu’est-ce que cela signifie ?

— On n’est pas maître de ses sentiments, monsieur Wemmick… commença Mike.

— Ses quoi ?… demanda Wemmick tout furieux. Dites-le encore !…

— Voyons, tenez, mon brave homme, dit M. Jaggers en faisant un pas en avant et en montrant la porte, sortez de mon étude, je ne veux pas de sentiment ici. Sortez.

— C’est bien fait, dit Wemmick, sortez ! »