Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/269

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reportâmes nos pensées. Mais nous prîmes note que d’autres steamers étrangers quitteraient Londres par la même marée, et nous nous félicitâmes de connaître la forme et la couleur distinctive de chacun d’eux. Nous nous séparâmes alors pour quelques heures, moi pour me procurer de suite les passe-ports qui seraient utiles ; Herbert pour aller trouver Startop. Nous fîmes tous deux ce que nous avions à faire, sans aucun empêchement, et, quand nous nous retrouvâmes, à une heure, tout était fait. J’avais, de mon côté, fait préparer les passe-ports ; Herbert avait vu Startop, et celui-ci était plus que prêt à se joindre à nous.

Ils devaient manœuvrer chacun avec une paire de rames, et moi je tiendrais le gouvernail. L’objet de mes soins devait rester assis et se tenir tranquille ; comme la vitesse n’était pas notre but nous ferions assez de chemin. Nous convînmes qu’Herbert ne rentrerait pas dîner avant d’aller au Moulin du Bord de l’Eau, ce soir ; qu’il n’irait pas du tout le lendemain soir mardi ; qu’il avertirait Provis de descendre par un escalier, le plus près possible de la maison, mercredi, quand il nous verrait approcher, et pas avant ; que tous les arrangements avec lui seraient terminés ce lundi soir, et qu’on ne communiquerait plus avec lui d’aucune manière, avant de le prendre à bord.

Ces précautions, bien convenues entre nous deux, je rentrai chez moi.

En ouvrant la porte extérieure de nos chambres, avec ma clef, je trouvai dans la boite une lettre à mon adresse, une lettre très-sale, bien qu’elle ne fût pas mal écrite. Elle avait été apportée (pendant mon absence, bien entendu), et voici ce qu’elle contenait :

« Si vous ne craignez pas de venir aux vieux Marais,