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CHAPITRE XXIX.


La nouvelle de la lourde chute que ma haute fortune avait éprouvée, était arrivée avant moi dans mon pays natal et dans ses environs. Je trouvai le Cochon bleu au courant de la nouvelle, et je trouvai même qu’il en résultait un grand changement dans sa conduite à mon égard. Autant le Cochon avait recherché mon estime avec une chaleureuse assiduité, quand j’étais en possession de mes espérances, autant le Cochon était froid, maintenant que la fortune m’abandonnait.

Il faisait nuit quand j’arrivai très-fatigué de ce voyage, que j’avais fait si souvent et si facilement autrefois. Le Cochon bleu ne put me donner ma chambre accoutumée, laquelle était occupée (sans doute par quelqu’un qui avait des espérances) et ne put m’assigner qu’une retraite des plus humbles parmi les pigeons et les chaises de poste de la cour ; mais je goûtai un aussi profond sommeil dans ce logement que dans le plus bel appartement que le Cochon aurait pu me donner, et la qualité de mes rêves fut à peu près la même qu’elle aurait été dans la meilleure chambre à coucher.

De grand matin, pendant qu’on préparait mon déjeuner, j’allai faire un tour du côté de Satis House. Il