Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/74

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— Oui, répéta M. Jaggers en regardant toujours au plafond, le montant ? »

Et alors, en regardant tout autour de la chambre, il porta le mouchoir qu’il tenait à la main près de son nez.

J’avais si souvent regardé dans mes affaires, que j’avais entièrement perdu toute idée que j’avais pu avoir de ce qu’elles étaient réellement. Je me reconnus donc avec chagrin tout à fait incapable de répondre à cette question. Cette réplique parut agréable à M. Jaggers, qui dit :

« Je le pensais bien ! »

Et il se moucha d’un air satisfait.

« Maintenant que je vous ai fait une question, mon ami, avez-vous quelque chose à me demander ?

— Ce serait sans doute un grand soulagement pour moi, de vous faire plusieurs questions, monsieur ; mais je me souviens de la défense que vous m’avez faite.

— Adressez-moi une question, dit M. Jaggers.

— Dois-je connaître le nom de mon bienfaiteur aujourd’hui ?

— Non ; demandez autre chose.

— Cette confidence doit-elle m’être faite bientôt ?

— Mettez cela de côté pour le moment, dit M. Jaggers, et demandez autre chose. »

Je cherchai en moi-même, mais il me parut impossible d’éviter cette question :

« Ai…-je quelque chose à recevoir, monsieur ? »

Là-dessus M. Jaggers s’écria d’une voix triomphante :

« Je pensais bien que nous y viendrions ! »

Et il appela Wemmick pour lui demander le morceau de papier, Wemmick parut, le donna et disparut.

« Maintenant, monsieur Pip, dit M. Jaggers, faites attention, s’il vous plaît ; vous n’avez pas trop mal tiré