Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/150

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peut-être longtemps avant les antiques Alms houses[1] de cette petite ville. Il ne faut pas laisser échapper cette trouvaille. »

Ayant ainsi parlé, M. Pickwick frappa à la porte de la chaumière. Un laboureur l’ouvrit.

« Mon ami, lui demanda le philosophe d’un ton bienveillant, savez-vous comment cette pierre est venue ici ?

— Nein, m’sieu, j’n’en savons rin, répondit l’homme civilement. All’ était là ben du temps avant moi, et avant l’pus ancien du village itou. »

M. Pickwick regarda son compagnon avec triomphe.

« Vous… vous n’y êtes pas bien attaché, j’imagine, poursuivit-il, en tremblant d’anxiété. Vous ne seriez pas fâché de la vendre ?

— Ah ! ben oui ! qui voudrait l’acheter ? répondit l’homme avec une expression de visage qu’il s’imaginait probablement rendre très-rusée.

— Je vous en donnerai une demi-guinée sur-le-champ, reprit M. Pickwick, si vous voulez la retirer de terre. »

Lorsque la petite pierre eut été déracinée, moyennant quelques coups de bêche, M. Pickwick l’enleva de ses propres mains, à grand’peine, et au grand étonnement de tout le village. Il la porta dans l’auberge, et après l’avoir soigneusement lavée, il la déposa sur la table.

Les transports de joie des pickwickiens ne connurent plus de bornes quand ils virent couronner de succès leur patience et leur assiduité, leurs lavages et leurs grattages. La pierre était anguleuse et brisée, les lettres mal alignées et peu régulières, mais cependant on pouvait déchiffrer le fragment suivant d’inscription :


Message mystérieux
Message mystérieux

Les prunelles de M. Pickwick étincelèrent de délice lorsqu’il s’assit auprès de la table, en couvant des yeux le trésor qu’il

  1. Petites maisons où les vieillards pauvres sont logés gratuitement.