Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/242

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aurons une partie de chasse au premier jour, et nous donnerons à Winkle une autre chance. N’est-ce pas, vieux camarade ? »

M. Pickwick ne répondit point. Il ne demanda pas même des nouvelles de ses amis de Dingley-Dell ; et peu après il se retira pour la nuit, après avoir ordonné à Sam de venir prendre sa chandelle lorsqu’il sonnerait.

Au bout d’un certain temps, la sonnette retentit, et Sam Weller se présenta devant son maître.

« Sam ! dit M. Pickwick en écartant un peu ses draps, pour le regarder.

— Monsieur ? » répondit Sam.

M. Pickwick fit une pause, et Sam moucha la chandelle.

« Sam ! répéta M. Pickwick avec un effort désespéré.

— Monsieur ? répondit Sam de nouveau.

— Où est ce Trotter ?

— Job, monsieur ?

— Oui.

— Parti, monsieur.

— Avec son maître, je suppose.

— Son maître ou son ami, ou son je ne sais quoi. Ils sont filés ensemble. Ça fait un joli couple, monsieur.

— Jingle aura soupçonné mon projet, et vous aura détaché ce fripon-là, avec son histoire, reprit M. Pickwick, que ces paroles semblaient étouffer.

— Juste la chose, monsieur.

— Nécessairement c’était une invention.

— D’un bout à l’autre, monsieur. On nous a mis dedans. C’est adroit, tout de même !

— Je ne pense pas qu’ils nous échappent aussi aisément la première fois, Sam ?

— Je ne le pense pas, monsieur.

— En quelque lieu, en quelque endroit que je rencontre ce Jingle, s’écria M. Pickwick en se levant sur son lit et en déchargeant sur son oreiller un coup terrible, je ne me contenterai point de le démasquer, comme il le mérite si richement, mais je lui infligerai un châtiment personnel. Oui, je le ferai, ou mon nom n’est pas Pickwick.

— Et quand j’attraperai une patte de ce pleurnichard-là, avec sa tignasse noire, si je ne lui tire pas de l’eau réelle de ses quinquets, mon nom n’est pas Weller ! — Bonne nuit, monsieur. »