Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/165

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— Tout à fait… tout à fait maintenant, répliqua M. Pickwick.

— Allons ! pour lors, reprit Sam en remettant le philosophe sur ses pieds, venez entre nous, monsieur ; pas plus d’un demi-mille à courir. Imaginez que vous gagnez un prix, et en route ! »

Ainsi encouragé, M. Pickwick fit le meilleur usage possible de ses jambes, et l’on peut assurer avec confiance que jamais une paire de guêtres noires n’arpenta le terrain plus lestement que ne le firent les guêtres de M. Pickwick dans cette occasion mémorable.

La voiture attendait, les chevaux étaient frais, la route bonne et le cocher bien disposé. Toute la troupe arriva saine et sauve à l’hôtel avant que M. Pickwick eût eu le temps de reprendre haleine.

« Entrez tout de suite, monsieur, dit Sam en aidant son maître à descendre. Ne restez pas une seconde dans la rue après cet exercice ici. Je vous demande pardon, monsieur, continua-t-il, en touchant son chapeau, à M. Winkle qui descendait de la voiture. J’espère qui n’y a pas d’attachement antérieur ? »

M. Winkle serra la main de son humble ami, et lui dit à l’oreille : « Tout va bien, Sam ; parfaitement bien ! »

À cette annonce, M. Weller, en signe d’intelligence, frappa trois coups distincts sur son nez, sourit, cligna de l’œil, et monta l’escalier, avec une physionomie qui exprimait la satisfaction la plus vive.

Quant au savant gentleman de la ruelle, il démontra, dans un admirable traité, que ces étonnantes lumières étaient des effets de l’électricité, et il le prouva clairement, en détaillant comment un éclair éblouissant avait dansé devant ses yeux, lorsqu’il avait mis la tête hors de sa porte, et comment il avait reçu un choc qui l’avait étourdi pendant un grand quart d’heure. Grâce à cette démonstration, qui charma toutes les sociétés savantes de l’univers, il fut toujours considéré, depuis lors, comme une des lumières de la science.