Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/167

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gentleman. Pour couronner le tout, il était enveloppé d’une grosse redingote à longs poils.

Aussitôt qu’il fut descendu, il fourra sa main gauche dans l’une des poches de sa redingote, tandis qu’avec sa main droite, il tirait d’une autre poche un foulard très-brillant, dont il se servit pour épousseter trois grains de poussière sur ses bottes, et qu’il garda ensuite, en le froissant dans sa main, pour traverser la cour d’un air fendant.

Pendant que ce personnage descendait de voiture, Sam remarqua qu’un autre homme, vêtu d’une vieille redingote brune, veuve de plusieurs boutons, et qui, jusque là, était resté à flâner de l’autre côté de la rue, la traversa et se tint immobile non loin de la porte. Ayant plus d’un soupçon sur le but de la visite du premier gentleman, Sam le précéda à l’entrée de l’hôtel, et, se retournant brusquement, se planta au centre de la porte.

« Allons ! mon garçon, » dit le gentleman d’un ton impérieux, en essayant en même temps de pousser Sam.

« Allons ! monsieur. Qu’est-ce que c’est ? » répliqua Sam, en lui rendant sa bousculade avec les intérêts composés.

« Allons, allons ! mon garçon, ça ne prend pas avec moi, rétorqua l’étranger, en élevant la voix et en devenant tout blanc. Ici, Smouch.

— Ben ! quoi qui gnia, » grommela l’homme à la redingote brune, qui pendant ce court dialogue s’était graduellement avancé dans la cour.

« C’est ce jeune homme qui fait l’insolent, » dit le principal, en poussant Sam de nouveau.

« Ohé, pas de bêtises ! » gronda Smouch, en bourrant Sam beaucoup plus fort.

Ce compliment eut le résultat qu’en attendait l’habile M. Smouch : car tandis que Sam, empressé d’y répondre, le froissait contre la porte, le principal se faufilait, et pénétrait jusqu’au bureau. Sam l’y suivit immédiatement, après avoir échangé avec M. Smouch quelques arguments, composés principalement d’épithètes.

« Bonjour, ma chère, dit le principal, en s’adressant à la jeune personne du bureau, avec une aisance de détenu libéré. Où est la chambre de M. Pickwick, ma chère ?

— Conduisez-le, » dit la jeune lady au garçon, sans daigner jeter un second coup d’œil au fashionable.

Le garçon se mit en route, suivi du personnage ; Sam venait