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Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/355

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« Nécessairement il y a une chance ; j’espère qu’elle sera bonne. Ils sont évidemment repentants, maintenant ; mais, comme vous le savez, ils ont encore le souvenir tout frais de leurs souffrances récentes. Ce qu’ils feront quand ce souvenir se sera effacé, c’est un problème que ni vous ni moi ne pouvons résoudre. Cependant, mon cher monsieur, ajouta-t-il en posant sa main sur l’épaule de M. Pickwick, votre action est également honorable, quel qu’en soit le résultat. Je laisse à des têtes plus habiles que la mienne le soin de décider si cette espèce de bienveillance, si clairvoyante, qu’elle s’exerce rarement, de peur de s’exercer mal à propos, est une charité réelle ou bien une contrefaçon mondaine de la charité. Mais, quand ces deux gaillards-ci commettraient un vol qualifié dès demain, mon opinion sur votre conduite n’en serait pas moins toujours la même. »

Ayant débité ce discours d’une manière plus animée que ce n’est l’habitude des gens d’affaires, il approcha sa chaise de son bureau et écouta le récit que lui fit M. Pickwick de l’obstination du vieux M. Winkle.

« Donnez-lui une semaine, dit-il en hochant la tête d’une manière prophétique.

— Pensez-vous qu’il se rendra ?

— Mais, oui ; autrement, il faudrait essayer les moyens de persuasion de la jeune dame, et c’est même par où tout autre que vous aurait commencé. »

M. Perker prenait une prise de tabac avec diverses contractions grotesques de sa physionomie, en honneur du pouvoir persuasif des jeunes ladies, lorsqu’on entendit dans le premier bureau un murmure de demandes et de réponses ; après quoi, Lowten frappa à la porte du cabinet.

« Entrez ! » cria le petit homme.

Le clerc entra et ferma la porte après lui d’un air mystérieux.

« Qu’est-ce qu’il y a ? lui dit Perker.

— On vous demande, monsieur.

— Qui donc ? »

Lowten regarda M. Pickwick et fit entendre une légère toux.

« Qui est-ce qui me demande ? Est-ce que vous ne pouvez pas parler, monsieur Lowten ?

— Eh ! mais, monsieur, MM. Dodson et Fogg.

— Parbleu ! s’écria le petit homme en regardant à sa montre, je leur ai donné rendez-vous ce matin à onze heures et