Aller au contenu

Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Je suis entrée, gentlemen, juste pour dire bonjour, et je suis montée les escaliers, d’une manière pacifique, et je suis pénétrée dans la chambre de derrière et… et…

— Et vous avez écouté, je pense, madame Cluppins ? dit Me Buzfuz.

— Je vous demande excuse, monsieur, répliqua Mme Cluppins, d’un air majestueux, j’en mépriserais l’action, les voix étaient très-élevées, monsieur, et se forcèrent sur mon oreille.

— Très bien, vous n’écoutiez pas, mais vous entendiez les voix. Une de ces voix était-elle celle de M. Pickwick ?

— Oui, monsieur. »

Mme Cluppins, après avoir déclaré distinctement que M. Pickwick s’adressait à Mme Bardell, répéta lentement et en réponse à de nombreuses questions, la conversation que nos lecteurs connaissent déjà. Me Buzfuz sourit, en s’asseyant, et les jurés prirent un air soupçonneux ; mais leur physionomie devint absolument menaçante, lorsque Me Snubbin déclara qu’il ne contre-examinerait pas le témoin, parce que M. Pickwick croyait devoir convenir que son récit était exact en substance.

Mme Cluppins ayant une fois brisé la glace, jugea que l’occasion était favorable pour faire une courte dissertation sur ses propres affaires domestiques. Elle commença donc par informer la cour qu’elle était au moment actuel mère de huit enfants, et qu’elle entretenait l’espérance d’en présenter un neuvième à M. Cluppins dans environ six mois. Malheureusement dans cet endroit instructif, le petit juge l’interrompit très-colériquement, et par suite de cette interruption la vertueuse dame et Mme Sanders furent poliment conduites hors de la salle, sous l’escorte de M. Jackson, sans autre forme de procès.

« Nathaniel Winkle ! dit M. Skimpin.

— Présent, répondit M. Winkle, d’une voix faible ; puis il entra dans la tribune des témoins, et après avoir prêté serment, salua le juge avec une grande déférence.

— Ne vous tournez pas vers moi, monsieur, lui dit aigrement le juge, en réponse à son salut. Regardez le jury. »

M. Winkle obéit, avec empressement, à cet ordre, et se tourna vers la place où il supposait que le jury devait être, car dans l’état de confusion où il se trouvait, il était tout à fait incapable de voir quelque chose.