Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/176

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fait tort ; car le bruit court que le vieillard a emporté une somme dont personne n’avait connaissance, pas même ce vilain petit homme dont vous m’avez parlé. Comment donc s’appelle-t-il ? … Quilp… On dit que miss Nell et son grand-père sont allés demeurer loin pour qu’on ne leur enlevât point cet argent et qu’on les laissât tranquilles. Tout cela n’est pas si invraisemblable, qu’en dites-vous ? »

Kit se gratta tristement la tête, obligé malgré lui de reconnaître qu’il y avait bien là quelque apparence de vérité. Il grimpa ensuite jusqu’au vieux clou auquel était accrochée la cage, la prit, la nettoya et donna à manger à l’oiseau. Sa pensée le ramena en ce moment au souvenir du petit vieillard qui lui avait donné un schelling ; il se rappela tout à coup que c’était le jour même, l’heure même à laquelle le gentleman avait dit qu’il se trouverait de nouveau devant la maison du notaire. Cette idée ne lui fut pas plutôt venue, qu’il se hâta de remettre la cage à son clou, et qu’expliquant rapidement à sa mère la raison de son départ précipité, il courut de toute la vitesse de ses jambes à son rendez-vous.

C’était à une distance considérable de chez lui : il n’y arriva que deux minutes après l’heure fixée ; mais, par un bonheur inespéré, le vieux petit monsieur ne s’y trouvait pas encore ; du moins, aucune chaise attelée d’un poney n’était visible à l’œil nu et il n’y avait pas à présumer que la voiture fût partie sitôt. Heureux de penser qu’il n’était pas arrivé trop tard, Kit s’appuya pour reprendre haleine contre un lampadaire et attendit l’arrivée du poney et de sa société.

Justement, au bout de peu de temps, le poney apparut tournant le coin de la rue, avec l’air aussi entêté que peut l’avoir un poney, posant ses pieds avec précaution comme s’il cherchait les places les plus propres afin d’éviter la poussière, et qu’il ne voulût pas se presser d’une manière inconvenante. Derrière le poney, était assis le vieux petit gentleman, auprès duquel se trouvait la vieille petite dame, portant un aussi gros bouquet que la fois précédente.

Le vieux monsieur, la vieille dame, le poney et la chaise descendirent la rue avec un ensemble parfait jusqu’au moment où ils arrivèrent à une demi-douzaine de portes avant la maison du notaire. Là, le poney, trompé par une plaque de cuivre qui se trouvait au-dessous du marteau d’un tailleur, fit halte, et soutint