Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/178

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Le vieux monsieur offrit alors la main à la vieille dame pour l’aider à descendre. Après avoir tous deux regardé Kit avec un sourire aimable, ils entrèrent dans la maison, sans doute en s’entretenant de lui, du moins ne put-il s’empêcher de le penser. M. Witherden vint, en respirant le gros bouquet, se pencher à la fenêtre et regarder Kit ; puis ce fut M. Abel qui vint et le regarda ; puis ce furent le vieux monsieur et la vieille dame qui vinrent et le regardèrent de nouveau ; puis ce fut tout le monde qui vint le regarder à la fois.

Kit, assez embarrassé de sa contenance, feignit de ne pas s’en apercevoir. Aussi se mit-il à redoubler de caresses envers le poney, familiarité qui sembla ne pas trop déplaire à ce caractère indépendant.

Les visages venaient à peine de disparaître de la croisée, quand M. Chukster, dans sa tenue officielle, et avec son chapeau perché sur le côté de la tête et penché comme s’il allait tomber de sa patère, descendit jusqu’au trottoir et annonça au jeune homme qu’on le demandait.

« Entrez, dit-il ; pendant ce temps je garderai la chaise. »

Tout en lui donnant cet ordre, M. Chukster fit la remarque qu’il faudrait être bien malin pour savoir si Kit, avec ses airs innocents, était un novice ou un roué, mais son mouvement de tête plein de méfiance indiquait assez qu’il le rangeait plutôt dans la dernière catégorie.

Kit entra tout tremblant dans l’office ; car le pauvre garçon n’avait pas l’habitude de se trouver en société de dames et de messieurs inconnus ; et, de plus, les boîtes de fer-blanc et les liasses de papiers poudreux avaient à ses yeux quelque chose de si terrible et de si vénérable ! M. Witherden était, d’ailleurs, un personnage bruyant qui parlait haut et vite, et puis tous les regards étaient fixés sur le pauvre garçon qui pensait à ses habits râpés.

« Eh bien ! mon garçon, dit M. Witherden, vous êtes venu pour achever de gagner votre schelling de l’autre jour, mais non pas pour en gagner un autre, n’est-ce pas ?

— Non certes, monsieur, répondit Kit, trouvant le courage de lever les yeux. Je n’en ai seulement pas eu l’idée.

— Votre père est-il vivant ? demanda le notaire.

— Il est mort, monsieur.

— Vous avez votre mère ?