Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/126

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bâtiment avait été occupé depuis fort longtemps par une vieille femme âgée de près de cent ans, qui gardait les clefs de l’église, l’ouvrait et la fermait pour les services et la montrait aux étrangers ; comme quoi cette vieille femme était morte quelques semaines auparavant sans qu’on eût trouvé depuis quelqu’un à qui confier cet emploi ; comme quoi, ayant appris ces circonstances dans une conversation avec le fossoyeur, qui était retenu au lit par un rhumatisme, il avait été amené à parler de sa compagne de voyage : ce qui avait été si favorablement accueilli par cette haute autorité, que, sur son conseil, il s’était déterminé à soumettre ce sujet au desservant. En un mot, le résultat de ses démarches était que Nell et son grand-père devaient être présentés, le lendemain, au ministre : il ne restait donc plus qu’une pure formalité. Mais ils étaient par le fait déjà nommés au poste vacant.

« Il y a, dit-il, aussi un petit traitement. Sans doute ce n’est pas grand’chose, mais c’est assez pour vivre dans cette retraite. En réunissant nos ressources nous serons à l’aise, n’ayez pas peur.

— Que Dieu vous bénisse et vous protège ! dit l’enfant avec des larmes d’attendrissement.

Amen, ma chère, répondit son ami d’un ton de douce gaieté ; puisse le ciel me bénir toujours comme il l’a déjà fait en nous conduisant à travers les soucis et les fatigues jusqu’à cette vie tranquille. Mais à présent il s’agit de voir ma maison… Allons, venez ! »

Ils se rendirent à l’autre bâtiment. Il fallut chercher dans le trousseau des clefs rouillées ; enfin, ils trouvèrent celle qu’il fallait et ouvrirent la porte vermoulue. Elle donnait sur une chambre voûtée et antique, semblable à celle qu’ils venaient de quitter, mais moins spacieuse et n’ayant pour dépendance qu’une autre petite pièce. Il n’était pas difficile de comprendre que la première maison était celle du maître d’école, et que l’excellent homme avait choisi la moins commode, dans son affection pleine d’égards pour ses amis. Ainsi que l’autre maison, celle-ci était garnie des meubles les plus nécessaires, et elle avait également sa provision de bois.

Maintenant ils avaient à s’occuper (occupation bien agréable), de rendre ces habitations aussi confortables que possible. Bientôt chacune des maisons eut son feu brûlant et pétillant dans