Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/212

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Tandis que le procureur souffrait le martyre, le nain renoua la conversation.

« Qu’est-il donc devenu, votre locataire ? demanda-t-il.

— Il est encore avec la famille Garland, répondit Brass pris par intervalles de quintes de toux. Il n’est venu chez nous qu’une fois, monsieur, depuis le jour où le coupable a subi son interrogatoire. C’était pour annoncer à M. Richard qu’il ne pouvait plus supporter le séjour de la maison après ce qui s’était passé ; qu’il en avait beaucoup souffert, d’autant plus qu’il se regardait jusqu’à un certain point comme la cause de cet événement. Un excellent locataire, monsieur. J’espère que nous ne le perdrons pas.

— Bah ! s’écria le nain ; vous ne pensez jamais qu’à vos intérêts ; pourquoi alors ne pas vous imposer des réformes ? Si j’étais à votre place, je gratterais, j’entasserais, j’économiserais.

— Sur ma parole, monsieur, je crois que Sarah entend l’économie aussi bien que personne. Je fais bien tout ce que vous dites là, monsieur Quilp.

— Allons, arrosez-moi encore votre gosier ; vous n’avez encore pleuré que d’un œil : c’est au tour de l’autre à présent, buvez, mon homme, cria le nain. Vous allez me faire croire que c’est pour m’obliger que vous avez pris un clerc.

— Enchanté, monsieur, toutes les fois que nous pouvons vous être agréables. Eh bien ! oui, monsieur, c’était pour vous faire plaisir.

— Qu’est-ce qui vous empêche de le renvoyer ? Ce sera toujours ça d’économisé.

— Renvoyer M. Richard ! …

— Dame ! à moins que vous n’en ayez encore un autre, perroquet que vous êtes ! Quand vous répéterez toujours ce que je dis, à quoi bon ? … Eh bien ! oui.

— Sur ma parole, monsieur… Je ne m’attendais pas à ce conseil de votre part.

— Comment pouviez-vous vous y attendre ? dit le nain en ricanant, moi-même je ne m’y attendais pas. Combien de fois aurai-je besoin de vous répéter que j’ai conduit chez vous ce jeune homme pour avoir toujours l’œil sur lui et savoir ce qu’il devenait ; que j’avais une combinaison, un projet, un joli petit divertissement en train, dont l’essence, la fine fleur étaient que le vieillard et l’enfant, qui sont maintenant, je pense à tous