Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/233

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plaisir d’aller voir quelques moments sur le palier, si j’y suis. Il faut que je sorte.

— Vous ! … s’écria sa garde-malade. Vous n’y pensez pas ?

— Il le faut, reprit-il en promenant son regard autour de la chambre. Où sont mes habits ?

— Oh ! que je suis heureuse ! … Vous n’en avez plus du tout.

— M’dame ! … dit M. Swiveller profondément étonné.

— J’ai été obligée de les vendre les uns après les autres afin de me procurer les médicaments qui vous étaient ordonnés. Mais ne vous occupez pas de cela, ajouta vivement la marquise en voyant Richard retomber en arrière sur son oreiller ; vous n’auriez seulement pas la force de vous tenir debout.

— Je crains bien, dit tristement Richard, que vous n’ayez raison. Que faire ? Mon Dieu ! que faire ? »

Il lui suffit naturellement d’un moment de réflexion pour sentir qu’avant toute chose il fallait se mettre en rapport avec un des MM. Garland. Il n’était pas impossible que M. Abel ne fût pas encore sorti de l’étude. En moins de temps qu’il n’en faut pour le raconter, la petite servante eut l’adresse écrite au crayon sur un bout de papier, avec un portrait verbal, véritable signalement du père et du fils, assez frappant pour qu’elle pût reconnaître sans la moindre difficulté, soit l’un soit l’autre des MM. Garland ; enfin une recommandation spéciale de se méfier de M. Chukster, vu son antipathie bien connue pour Kit. Munie de ces minces renseignements, elle s’élança avec ordre de ramener M. Garland ou son fils M. Abel.

« Je suppose, dit Richard au moment où elle fermait lentement la porte et jetait un dernier regard dans la chambre pour s’assurer si le malade était bien à son aise, je suppose qu’il ne reste plus rien ici, pas même une veste ?

— Non, rien.

— C’est embarrassant, dit-il, en cas d’incendie ; un parapluie au moins eût servi à quelque chose. Mais c’est égal, ce que vous avez fait est bien fait, chère marquise. Sans vous, je serais un homme mort. »