Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/245

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n’être pas peu surprise, et elle l’était beaucoup en effet, de trouver que le locataire et le mystérieux correspondant ne faisaient qu’un.

« Vous ne vous attendiez pas à me voir ? dit le gentleman.

— En effet, je ne m’y attendais guère, répondit l’aimable beauté. Je supposais qu’il s’agissait d’une affaire de l’étude. S’il s’agit de votre appartement, vous donnerez naturellement à mon frère un congé en forme, vous comprenez, ou bien de l’argent. C’est très-simple. Vous êtes un homme solvable ; ainsi, dans le cas dont il s’agit, argent légal ou congé légal, cela revient à peu près au même.

— Je vous remercie infiniment de votre bonne opinion, répliqua le gentleman. Je partage votre sentiment. Mais ce n’est pas là le sujet dont je désire vous entretenir.

— Oh ! … alors expliquez-vous. Je suppose que c’est une affaire qui concerne notre profession.

— Oui, oui, c’est une affaire qui se rattache au droit.

— Très-bien. Mon frère et moi nous ne faisons qu’un. Je puis prendre vos instructions et vous donner mes avis.

— Comme il y a, avec moi, d’autres parties intéressées, dit le gentleman en se levant et en ouvrant la porte d’une chambre intérieure, nous ferons mieux de conférer tous ensemble. Miss Brass est ici, messieurs ! »

M. Garland et le notaire entrèrent d’un air très-grave. Ils placèrent leurs chaises de chaque côté de celle du gentleman, et formèrent ainsi une sorte de barrière autour de la gentille Sarah qu’ils bloquèrent dans un coin. En pareille circonstance, son frère Sampson n’eût pas manqué de laisser paraître quelque confusion, quelque trouble ; mais elle, toute calme, tira de sa poche sa boîte d’étain et y puisa tranquillement une pincée de tabac.

« Miss Brass, dit le notaire prenant la parole en ce moment décisif, dans notre profession nous nous entendons mutuellement, et, quand nous le voulons bien, nous pouvons exprimer en très-peu de mots ce que nous avons à dire. Vous avez dernièrement publié un avis dans les journaux pour une servante qui a disparu de chez vous ?

— Eh bien ! répondit miss Sally, dont les joues se couvrirent d’une subite rougeur, qu’y a-t-il ?

— Elle est retrouvée, madame, dit le notaire en déployant victorieusement son mouchoir de poche. Elle est retrouvée.