Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/25

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provenait de son fils dévoué ; puis il sortit, le cœur un peu plus lourd que les poches, mais malgré cela sans trop d’accablement.

Oh ! les jours de fête ! pourquoi nous laissent-ils un regret ? Pourquoi ne nous est-il pas permis de les refouler dans notre mémoire, ne fût-ce qu’une semaine ou deux, pour pouvoir en quelque sorte les mettre à la distance convenable où nous ne les verrions plus qu’avec une indifférence calme ou bien avec un doux souvenir ? Pourquoi nous laissent-ils un arrière-goût, comme le vin de la veille nous laisse le mal de tête et la fatigue, avec une foule de bonnes résolutions pour l’avenir qui devraient être éternelles, mais qui ne durent guère que jusqu’au lendemain exclusivement.

Nul n’aura lieu de s’étonner si nous disons que Barbe avait mal à la tête, ou que la mère de Barbe ressentit de la lassitude ; qu’elle n’était plus tout à fait aussi enthousiaste du théâtre d’Astley et trouvait que le clown devait être décidément plus vieux qu’il ne leur avait paru la veille. Kit ne fut pas du tout surpris de ces critiques ; lui-même, il se disait tout bas que les acteurs de ce spectacle éblouissant n’étaient que des baladins qui avaient déjà rempli le même rôle l’avant-veille, et qu’ils le rempliraient encore ce soir et demain, et bien des semaines et des mois devant d’autres spectateurs. Voilà la différence du jour au lendemain. Nous allons tous à la comédie ou nous en revenons.

Cependant on sait que le soleil n’a que de faibles rayons lorsqu’il se lève et qu’il acquiert de la force et de l’énergie à mesure que le jour se développe. Ainsi par degrés les trois compagnons de route commencèrent à se rappeler diverses circonstances des plus agréables jusqu’à ce que, moitié causant, moitié marchant et riant, ils arrivèrent à Finchley en si bonnes dispositions que la mère de Barbe déclara ne s’être jamais trouvée moins fatiguée ni en meilleur état d’esprit, et que Kit en fit autant. Barbe, qui s’était tue durant toute la route, fit la même déclaration. Pauvre petite Barbe ! Elle était si douce et si gentille !

Il était de si bonne heure quand ils rentrèrent à la maison, que Kit avait étrillé le poney et l’avait rendu aussi brillant qu’un cheval de course avant que M. Garland fût descendu pour déjeuner. La vieille dame, le vieux monsieur et M. Abel lui firent hautement compliment de son exactitude et de son activité. À son heure accoutumée, ou plutôt à la minute, à la