Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/254

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en toute hâte chez M. Swiveller. Ils le trouvèrent assez bien rétabli pour pouvoir se tenir assis une demi-heure et causer avec entrain. Depuis quelque temps mistress Garland était partie, mais M. Abel avait voulu rester assis auprès de Richard. Après lui avoir raconté tout ce qu’ils avaient fait, les deux MM. Garland et le vieux gentleman, comme par un accord tacite, prirent congé pour la nuit, laissant le convalescent seul avec M. Witherden et la petite servante.

« Puisque vous voilà mieux, dit le notaire en s’asseyant au chevet du lit, je puis me hasarder à vous communiquer une pièce que la nature de mes fonctions a mise entre mes mains. »

L’idée d’une communication officielle faite par un gentleman appartenant au ressort de la loi sembla causer à Richard un médiocre plaisir. Peut-être se liait-elle, dans son esprit, avec certaines dettes criardes et des créanciers obstinés. Ce fut avec un certain trouble qu’il répondit :

« Volontiers, monsieur. J’espère cependant que ce n’est pas quelque chose d’une nature trop désagréable.

— S’il en était ainsi, répliqua M. Witherden, j’eusse choisi un moment plus opportun pour vous faire cette communication. Permettez-moi de vous dire d’abord que mes amis, qui sont venus ici aujourd’hui, ne connaissent nullement cette affaire, et que leur empressement à votre égard a été tout spontané et complètement sans arrière-pensée. Cela doit vous rassurer et vous disposer parfaitement à recevoir cette nouvelle. »

Dick le remercia.

« Je m’étais livré à quelques recherches pour vous découvrir, dit M. Witherden, et j’étais bien loin de m’attendre à vous trouver dans des circonstances semblables à celles qui nous ont réunis. Vous êtes le neveu de Rébecca Swiveller, vieille demoiselle qui habitait Cheselbourne, dans le Dorsetshire, et qui y est décédée.

— Décédée ! s’écria Richard.

— Décédée. Si vous vous étiez conduit autrement avec votre tante, vous fussiez entré en pleine possession, le testament le dit, et je n’ai aucune raison d’en douter, de vingt-cinq mille livres[1]. Quoi qu’il en soit, elle vous a légué une rente annuelle de cent cinquante livres[2] ; c’est beaucoup moins sans doute, cependant je crois devoir vous en faire mon compliment.

  1. 625 000 francs.
  2. 3 750 francs.