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coureurs de foires, et que plus tard nous découvrîmes ces deux hommes, puis le lieu où s’étaient retirés le vieillard et l’enfant, eh bien ! même alors nous arrivâmes trop tard. Ah ! Dieu veuille que cette fois encore il ne soit pas trop tard !

— Non, non, dit Garland ; cette fois nous réussirons.

— Déjà je l’ai cru, déjà je l’ai espéré ; en ce moment je le crois et je l’espère. Mais un poids cruel pèse sur mon esprit, et la tristesse qui m’obsède résiste à l’espérance et à la raison.

— Cela ne me surprend point, dit M. Garland ; c’est la conséquence naturelle des événements que vous venez de retracer ; de ces temps malheureux, de ce voyage pénible, et, par-dessus tout, de cette nuit affreuse. Une nuit affreuse, en vérité !… Entendez-vous comme le vent mugit !… »






CHAPITRE XXXIII.


Le jour revint et retrouva les voyageurs en route. Depuis leur départ, ils avaient dû s’arrêter quelquefois pour prendre un peu de nourriture ; et souvent perdre du temps, surtout la nuit, pour attendre des chevaux de relais. Hors cela, ils n’avaient fait aucune halte. Mais le temps continuait d’être affreux ; les routes étaient souvent escarpées et difficiles. Ce n’était qu’à la nuit qu’ils pouvaient espérer d’atteindre le but de leur excursion.

Kit, tout gonflé, tout roidi par le froid, supportait cela comme un homme. Il avait bien assez de maintenir son sang en circulation, de se représenter l’heureuse issue de cet aventureux voyage et de s’étonner à chaque pas de tout ce qui lui passait sous les yeux, sans prendre le temps de songer aux inconvénients de la route. Cependant le jour qui s’obscurcissait, et la fuite rapide des heures accroissaient son impatience, comme celle de ses compagnons. La courte clarté d’un jour d’hiver ne tarda pas à s’évanouir ; quand la nuit fut tombée, il leur restait encore à faire plusieurs milles.

Le vent tomba à l’entrée de la nuit. Ses mugissements éloignés devinrent une plainte basse et mélancolique : rampant tout le long du chemin et effleurant des deux côtés les buissons