Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/287

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— Essaye de te rendormir, dit doucement le vieillard ; ton rêve ne reviendra pas.

— Non, non, je préfère qu’il revienne, tout cruel qu’il est ; je préfère qu’il revienne. Je n’ai pas peur de le revoir dans mon sommeil, mais après ça, j’en ai tant de chagrin que j’en suis triste, tout triste !… »

Le vieux fossoyeur lui adressa un : « Dieu te bénisse ! » L’enfant éploré répondit : « Bonne nuit ! » et Kit se trouva seul de nouveau.

Il se hâta de retourner vers son maître, tout ému de ce qu’il venait d’entendre, mais plus encore de l’accent du jeune garçon, que de ses paroles, dont il ne pouvait comprendre le sens. Les voyageurs suivirent le sentier indiqué par le fossoyeur, et bientôt ils arrivèrent au presbytère. Regardant alors autour d’eux quand ils furent en cet endroit, ils aperçurent, à quelque distance et à la fenêtre ogivale d’un bâtiment en ruine, une lumière qui veillait solitaire.

Cette lumière entourée de l’ombre épaisse des murs au fond desquels elle était enfoncée, brillait comme une étoile. Vive et radieuse comme les astres qui diamantaient le ciel au-dessus de la tête des voyageurs, solitaire et immobile comme eux, elle semblait être de la même famille que les éternelles lampes de l’espace et brûler de conserve avec elles.

« Quelle est cette lumière ? s’écria le gentleman.

— Sûrement, dit M. Garland, elle est dans la ruine qu’ils habitent. Je ne vois pas d’autre bâtiment ruiné.

— Impossible, répliqua vivement le gentleman : ils ne peuvent pas veiller jusqu’à une heure aussi avancée !… »

Kit, pour les tirer d’embarras, leur proposa, tandis qu’ils sonneraient à la porte du presbytère, d’aller, en attendant, du côté où brillait la lumière pour reconnaître s’il y avait par là quelqu’un d’éveillé ; il s’élança donc, avec leur permission, respirant à peine, et toujours la cage à la main, tout droit vers son but.

Il n’était pas facile de se diriger parmi les tombes, et en toute autre occasion Kit eût marché plus lentement ou bien pris un détour. Mais, sans se préoccuper des obstacles, il continua son chemin à pas pressés, et ne tarda point à arriver à quelques pieds de la fenêtre.

Il s’approcha le plus doucement possible, et frôlant la mu-