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NICOLAS NICKLEBY.

Squeers annonça que Nicolas Nickleby était promu à l’emploi de premier sous-maître du château de Dotheboys, et installé en cette qualité.

— La recommandation de votre oncle a tout fait, monsieur Nickleby, dit Wackford Squeers.

Nicolas, enchanté de son succès, secoua avec chaleur la main de son oncle, et il eût volontiers adoré Squeers sur la place.

— Il a un air étrange, pensait-il, mais qu’importe ! Le savant Person, le docteur Johnson avaient l’air étrange. C’est ainsi que sont tous ces rats de bibliothèque. — La voiture part demain matin à huit heures, monsieur Nickleby, dit Squeers, il faut être ici un quart d’heure avant pour emmener ces enfants. — Comptez sur moi, dit Nicolas. — J’ai payé, grommela Ralph, ainsi tout ce que vous avez à faire, c’est de vous tenir chaudement.

C’était encore un exemple de la générosité de Ralph. Nicolas fut si touché de cette bonté inattendue, qu’il eut peine à trouver des paroles pour exprimer sa reconnaissance. Il n’était pas à la moitié de son discours de remerciement, quand ils prirent congé du maître d’école, et sortirent de l’auberge de la Tête de Maure.

— Je me trouverai ici demain pour vous voir embarquer, dit Ralph. — Je vous remercie, Monsieur, je n’oublierai jamais cette bienveillance. — Et vous aurez raison. Maintenant vous ferez bien de retourner à la maison, et de vous occuper de vos bagages. Pensez-vous que vous puissiez d’abord trouver le chemin de Golden square ? — Certainement, il m’est facile de demander. — S’il en est ainsi, dit Ralph en lui présentant un petit paquet, remettez ces papiers à mon commis, et dites-lui d’attendre mon retour.

Nicolas se chargea avec joie de la commission, fit à son oncle de tendres adieux, auxquels le sensible Ralph répondit par un grognement sourd, et se dirigea à la hâte vers Golden square.

Il y arriva bientôt ; et lorsqu’il atteignit les marches de la maison, M. Noggs, qui avait été se distraire une ou deux minutes à la taverne, ouvrait la porte au moyen de son passe-partout.

— Qu’est-ce que cela ? demanda Noggs en montrant le paquet. — Des papiers que vous envoie mon oncle, répondit Nicolas ; et vous aurez la bonté d’attendre son retour, s’il vous plaît. — Votre oncle ! s’écria Noggs. — M. Nickleby, dit Nicolas jugeant cette explication indispensable. — Entrez.

Sans en dire davantage, Newman Noggs conduisit Nicolas dans le corridor, et de là dans le bureau. Il fit asseoir le visiteur, et montant sur son grand tabouret, les