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Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. La Bédollière, 1840.djvu/290

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NICOLAS NICKLEBY.

accompagnerait le malade devait s’attendre à le perdre, et que la consomption était arrivée à son plus haut degré.

Le jour même de cette consultation, M. Charles appela Nicolas dans son cabinet.

— Mon cher monsieur, lui dit-il, il n’y a pas de temps à perdre. Ce jeune homme ne mourra pas s’il est encore en notre pouvoir de le sauver ; emmenez-le demain, donnez-lui tous les soins nécessaires à sa situation, et ne le quittez que lorsqu’il n’y aura plus de danger immédiat. Tim a été ce soir vous porter quelque chose de notre part. Mon cher Edwin, M. Nickleby va vous faire ses adieux ; il ne sera pas longtemps absent. Il confiera ce pauvre garçon à quelque paysan, et il ira le voir de temps en temps. Il n’y a pas encore lieu de se décourager.

Le lendemain, Nicolas et son faible compagnon commencèrent leur voyage. Qui pourrait exprimer la douleur de ces tristes adieux, excepté celui dont les seuls amis, les seuls protecteurs étaient les personnes qui l’environnaient à son départ ?

— Voyez ! s’écria Nicolas mettant la tête à la portière, ils sont encore au coin du sentier, et voici Catherine, la pauvre Catherine, à laquelle vous pensiez n’avoir pas la force de dire adieu ; elle agile son mouchoir : partirez-vous sans répondre aux signes qu’elle vous adresse ?

Smike trembla, s’enfonça dans la voiture et se couvrit les yeux.

— Je ne le puis, dit-il ; la voyez-vous encore ? est-elle encore là ? — Oui, elle agite encore la main ; je lui ai répondu pour vous, et maintenant nous les avons perdus de vue. Ne vous désolez pas, mon cher ami ; vous les reverrez tous un jour.

Celui qu’il encourageait ainsi leva ses mains flétries et les joignit avec ferveur.

— Au ciel ! je le demande en grâce à Dieu ! au ciel !

C’était comme la prière d’un cœur brisé.


CHAPITRE XLVI.


Le cours de ces aventures exige que nous retournions à la maison où la mort avait à l’improviste planté sa sombre bannière. Ralph, les dents et les poings serrés, demeura quelques minutes immobile, puis il commença à se remuer lentement comme un homme qui sort d’un profond sommeil, fit un geste de menace du côté où Nicolas avait disparu, et se retourna pour regarder son complice, qui était encore étendu sur le carreau.

Arthur se releva en tremblant, se dirigea vers la porte, et dit timidement :