Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 1.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui servir tout chauds deux ou trois mots d’explication que j’ai à échanger avec lui.

— Attendez, dit Newman.

— Je ne veux pas attendre, continua Nicolas avec résolution, et il prenait la porte pour sortir.

— Écoutez que je vous dise, reprend Newman en se plantant devant son impétueux ami, il n’y est pas ; il est absent de Londres, il ne reviendra pas avant trois jours : et je sais qu’il ne répondra à cette lettre qu’après son retour.

— En êtes-vous bien sûr ? demanda Nicolas dans un état d’irritation croissante et parcourant à grandes enjambées l’espace étroit de la cellule.

— Bien sûr, répondit Newman. Il a eu à peine le temps de la lire quand on est venu le chercher. Et personne autre que lui et nous n’en connaît le contenu.

— Mais êtes-vous certain de ce que vous dites là ? demanda Nicolas avec précipitation. Personne ? pas même ma mère ou ma sœur ? Si je croyais qu’elles en eussent… Il faut décidément que j’y aille, il faut que je les voie. Quel est le chemin ? Où est-ce ?

— Allons, suivez mon conseil, dit Newman qui parlait alors avec la même vivacité qu’un autre, n’essayez de voir qui que ce soit, pas même votre sœur et votre mère, avant qu’il soit revenu chez lui. Je connais mon homme. N’ayez pas l’air d’avoir communiqué avec personne. À son retour, allez droit à lui, et parlez-lui aussi hardiment que vous voudrez. Il sait bien ce qu’il en est : il est assez malin pour deviner toute la vérité ; vous pouvez vous en fier à lui.

— Vous avez de l’amitié pour moi et vous le connaissez mieux que personne, reprit Nicolas après un moment de réflexion. Eh bien ! soit ! »

Newman qui, pendant cette conversation, était resté debout, le dos appuyé contre la porte, tout prêt à employer même la force, si c’était nécessaire, pour empêcher Nicolas de sortir, reprit sa chaise avec satisfaction. Puis entendant bouillir l’eau dans la cafetière, il apprêta un bon verre de grog pour Nicolas, et en remplit un pot fêlé pour Smike et pour lui : ils le burent en communauté dans la meilleure harmonie, pendant que Nicolas, le coude appuyé sur la table, la tête appuyée sur sa main, restait plongé dans une méditation profonde.

Cependant, au premier étage, la société, après avoir écouté avec attention, sans entendre aucun bruit qui pût servir de prétexte à leur curiosité pour monter chez M. Noggs, rentra dans la chambre des Kenwigs et se consola par une foule de conjec-