Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 1.djvu/36

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les choses nécessaires, instruits dans toutes les langues anciennes et modernes, les mathématiques, l’orthographe, la géométrie, l’astronomie, la trigonométrie, la sphère, l’algèbre, la panne (si on le demande), l’écriture, l’arithmétique, les fortifications et toutes les autres branches de littérature classique. Conditions : Vingt guinées (520 fr.), pas de mémoires, pas de vacances, régime de nourriture incomparable. M. Squeers est en ville et se tient tous les jours d’une heure à quatre, à la Tête-de-Sarrasin, Snow-Hist. N. B. On demande aussi un sous-maître capable : traitement annuel, 125 fr. On prendrait de préférence un maître ès arts. »

« Voilà ! dit Ralph reployant son journal ; qu’il obtienne cette position, et sa fortune est faite.

— Mais il n’est pas maître ès arts, dit Mme Nickleby.

— Pour cela, répliqua Ralph, pour cela, je pense qu’on passera par là-dessus.

— Mais le traitement est si peu de chose, et c’est si loin, mon oncle, dit Catherine d’une voix émue.

— Laissez, ma chère Catherine, laissez dire votre oncle, dit Mme Nickleby ; il sait mieux que nous ce qu’il y a à faire.

— Je dis, répéta Ralph d’un ton aigre, qu’il obtienne cette position et sa fortune est faite. S’il n’en veut pas, qu’il se tire d’affaire tout seul. Sans amis, sans argent, sans recommandations, sans connaissances de quoi que ce soit, qu’il trouve un emploi honnête à Londres qui lui paye seulement ses souliers, et je lui donne vingt-cinq mille francs, c’est-à-dire (en se reprenant) je les lui donnerais si je les avais.

— Pauvre garçon ! dit la jeune demoiselle. Oh ! mon oncle, faut-il sitôt nous séparer !

— Ne fatiguez donc pas votre oncle de vos objections, au moment où il n’a pas d’autre pensée que votre bien, ma fille, dit Mme Nickleby. Nicolas, mon cher, n’avez-vous rien à dire ?

— Si, ma mère, si, dit Nicolas qui était resté jusque-là silencieux et pensif. Si je suis assez heureux, monsieur, pour être nommé à cet emploi dont je ne suis pas sûr de bien remplir toutes les conditions, que deviendront ma mère et ma sœur après mon départ ?

— Dans ce cas, monsieur, mais seulement dans ce cas, je me charge de pourvoir à leurs besoins, en les plaçant dans une sphère d’existence indépendante. Ce sera mon premier soin : elles ne resteront pas huit jours après votre départ dans la situation où elles sont, c’est mon affaire.

— Alors, dit Nicolas s’avançant gaiement pour serrer la main