changé, et, en vérité, c’est un règlement odieux. Je ne m’y connais pas, c’est vrai, mais je crois pouvoir dire que la loi des céréales n’est rien auprès de cet acte inique du parlement. »
Après cette excursion un peu longue, tout d’une haleine, Mme Nickleby s’arrêta brusquement comme elle avait commencé, pour répéter que Catherine se portait très bien. « Et même, ajouta-t-elle, je crois qu’elle ne s’est jamais mieux portée depuis sa coqueluche, qu’elle a eu en même temps que la fièvre scarlatine et la rougeole, c’est bien la vérité.
— La lettre que vous avez là est-elle pour moi ? demanda Ralph d’un ton bourru, en montrant le petit paquet que Mme Nickleby tenait à la main.
— Oui, mon beau-frère, répondit Mme Nickleby ; et j’ai fait tout le chemin à pied pour vous l’apporter.
— Tout le chemin à pied ! cria sir Mulberry saisissant l’occasion qui se présentait de découvrir sa demeure ; il y a une chienne de trotte. Combien comptez-vous de distance ?
— De distance ? voyons : il y a plus d’un grand kilomètre de la porte de notre maison à Old-Bailey.
— Non, non, pas tant, reprit sir Mulberry.
— Oh ! que si, dit Mme Nickleby ; je m’en rapporte à milord.
— Moi, je suis de l’avis de Mme Nickleby, dit lord Frédérick d’un air solennel ; je crois qu’il y a plus d’un grand kilomètre.
— C’est bien le compte, à un mètre près, dit Mme Nickleby. Voyez donc : Newgate-street tout du long, puis Cheapside, jusqu’à Lombard-street, Gracechurch-street tout du long, Thomas-street, jusqu’au quai de Spigwiffin. Oh ! certainement, il y a plus d’un grand kilomètre.
— C’est vrai ; en y réfléchissant, je commence à le croire, répliqua sir Mulberry. Mais vous ne vous proposez pas, sans doute, de retourner à pied.
— Oh ! non, je prendrai un omnibus. Ah ! mon beau-frère, du vivant de mon pauvre cher Nicolas, je n’ai jamais pris d’omnibus, mais, que voulez-vous ? à présent il faut bien…
— C’est bon, c’est bon, reprit Ralph impatienté ; je crois, en effet, que vous feriez bien de vous en retourner avant qu’il fasse nuit.
— Merci, mon beau-frère, vous avez raison. Je pense comme vous, et je vais tout de suite vous souhaiter le bonsoir.
— Vous ne voulez pas rester à… vous reposer ? dit Ralph, qui n’offrait jamais un verre d’eau que lorsqu’il prévoyait pouvoir y gagner quelque chose.