Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 1.djvu/445

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de lui dire en conscience : Bravo, Nicolas ! et ne les manquez pas. »

Miss la Creevy ne put pas retenir un petit cri en entendant cette déclaration et, sur-le-champ, elle exigea de Newman une promesse solennelle de faire tous ses efforts pour calmer la colère de Nicolas. Elle eut de la peine, mais enfin elle la lui arracha ; puis après ils délibérèrent en commun sur le moyen le plus sûr et le moins périlleux de lui faire connaître les circonstances qui avaient rendu sa présence nécessaire.

« Il faut d’abord lui laisser le temps de refroidir un peu sa tête avant de pouvoir rien faire, dit miss la Creevy : c’est de la plus grande importance ; il ne faut pas qu’il en sache rien avant ce soir, et bien tard.

— Mais, répliqua Newman, il va être à Londres entre six et sept heures. Comment voulez-vous que je ne réponde pas à ses questions ?

— Alors il ne faut pas rester chez vous, dit miss la Creevy. Rien ne vous est plus facile que d’avoir été retenu dehors par des affaires, et de ne pas pouvoir revenir chez vous avant minuit, au plus tôt.

— Alors il va venir ici tout droit ?

— Cela pourrait bien être, dit miss la Creevy ; mais il ne me trouvera pas à la maison, car aussitôt que vous allez me quitter, j’irai de ce pas à la Cité m’entendre avec Mme Nickleby pour l’emmener au spectacle de manière qu’il ne puisse pas même savoir où demeure sa sœur. »

Après quelques débats, ce plan parut en effet le plus sûr et le plus praticable ; on finit donc par s’y arrêter, et Newman, muni de quelques conseils et des quelques instructions supplémentaires, que miss la Creevy ne lui épargna pas, prit congé d’elle, et se remit à trotter du côté de Golden-square, ruminant tout le long du chemin une foule infinie de probabilités pour ou contre, qui se livraient bataille dans son cerveau et qui toutes prenaient leur origine dans la conversation qu’il venait d’avoir avec l’amie de Nicolas.