Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 1.djvu/49

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surtout de l’allusion incompréhensible faite par le dernier à la jeune noblesse de son école.

— Tenez, monsieur, dit Ralph, je vais vous présenter l’affaire sous son véritable jour en deux secondes.

— Vous m’obligerez, reprit Squeers.

— Voici, dit Ralph, un garçon, ou un adolescent, ou un gaillard, ou un jeune homme, ou un mirliflore, ou un tout ce que vous voudrez de dix-huit à dix-neuf ans.

— Pour cela, je le vois, observa le maître de pension.

— Et moi aussi, dit M. Snawley, croyant de son devoir de soutenir au besoin son nouvel ami.

— Son père est mort, continua Ralph, il ne connaît pas du tout le monde, il n’a aucune ressource, et sent le besoin de faire quelque chose. Je vous le recommande pour entrer dans votre splendide établissement, comme le premier pas qui peut mettre sur le chemin de la fortune, s’il sait en profiter : vous comprenez ?

— Qui est-ce qui ne comprendrait pas cela ? répliqua Squeers imitant le rire malicieux avec lequel le vieux renard regardait son candide neveu.

— Pour ma part, je le comprends aussi, dit Nicolas avec vivacité.

— Vous voyez, il le comprend, dit Ralph du même ton dur et sec. Si quelque boutade capricieuse lui faisait rejeter cette occasion magnifique avant de l’avoir mise à profit, je me regarde comme dégagé de tout devoir d’assistance envers sa sœur et sa mère. Examinez-le, et songez à tout le parti que vous en pouvez tirer pour bien des choses. À présent la question est de savoir si, pendant quelque temps, à tout événement, il ne fera pas mieux votre affaire que vingt autres candidats auxquels vous pourriez vous adresser dans les conditions ordinaires. N’est-ce pas là une question qui mérite réflexion ?

— Certainement si, dit Squeers répondant par un signe de tête au signe de tête de Ralph.

— Bien, répliqua Ralph ; laissez-moi vous dire deux mots. »

Les deux mots furent dits à part en moins de deux minutes, et M. Wackford Squeers annonça que M. Nicolas Nickleby était, à partir de ce moment, nommé officiellement et installé dans les fonctions de premier maître auxiliaire à Dotheboys-Hall.

« C’est à la recommandation de votre oncle que vous le devez, monsieur Nickleby, » dit Wackford Squeers ; Nicolas ivre de joie, à la vue d’un pareil succès, serra avec chaleur la main de