Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vôtre. Si par là j’avais voulu dire un logis en général compris entre quatre murailles et recouvert d’un toit, qu’on appelle une maison, je serais bien embarrassé moi-même de vous en décrire la position ; mais ce n’est pas cela dont il s’agit. La maison dont je parle, c’est la place où, en attendant mieux, tous ceux que j’aime sont groupés ensemble. Que ce soit la tente des bohémiens, ou la grange du paysan, s’ils y sont tous, c’est ma maison, et vous n’avez que faire, quant à présent, de vous alarmer à ce nom. Ma maison n’a rien qui doive vous effrayer ni par son étendue ni par sa magnificence. »

En même temps, Nicolas prit son compagnon par le bras, et, tout en causant avec lui de cela et d’autre chose, en variant, le long du chemin, les sujets pour amuser son esprit et soutenir son intérêt, ils se trouvèrent à la porte de miss la Creevy.

« Et voilà, ma chère Catherine, dit Nicolas en entrant dans la chambre où sa sœur était assise toute seule, l’ami fidèle, le compagnon de voyage dévoué, que je vous ai priée de recevoir. »

Le pauvre Smike commença par être terriblement timide et gauche ; il avait si grand’peur ! mais, lorsque Catherine se fut avancée vers lui avec bonté, et qu’elle lui eut dit, d’une voix pleine de douceur, combien il y avait longtemps qu’elle avait le désir de le voir, d’après tout ce que lui avait dit son frère ; combien elle lui devait de remerciements d’avoir été pour Nicolas une consolation constante dans leurs épreuves et leurs revers ; alors il ne savait s’il devait rire ou pleurer, et son embarras changea de nature sans être moins grand. Pourtant il prit sur lui de dire d’une voix entrecoupée qu’il n’avait pas d’autre ami que Nicolas, et qu’il donnerait de bon cœur sa vie pour lui. Et Catherine, douce et sage comme elle était, ne voulut pas avoir l’air de remarquer son embarras pour ne pas l’accroître. Aussi reprit-il presque tout de suite son assurance, et se trouva-t-il comme chez lui.

Après cela ce fut le tour de miss la Creevy. Elle aussi, il fallait le lui présenter, et, si miss la Creevy était une bien bonne personne, elle avait aussi la langue bien pendue. Ce n’est pas qu’elle entreprit tout de suite Smike, elle aurait craint de le mettre mal à son aise ; mais elle s’en dédommagea avec Nicolas et sa sœur. Puis, après avoir donné à Smike le temps de se préparer, elle lui fit par-ci par-là toutes sortes de questions. « Vous connaissez-vous en portraits ? trouvez-vous que celui-là dans le coin me ressemble ? qu’en pensez-vous ? je crois qu’il n’aurait pas perdu à me rajeunir de dix ans. N’êtes-vous pas de mon avis ? Ne trouvez-vous pas, en général, que les jeunes dames sont mieux