Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/358

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tion, ce n’est pas amusant, sans compter les risques que l’on court.

— Quels risques ?

— Je dis sans compter les risques, répondit Squeers d’une manière évasive.

— Et moi, je vous répète quels risques ? répliqua Ralph avec hauteur.

— Quels risques ? reprit Squeers en se frottant les genoux encore plus fort… Mais il n’est pas nécessaire d’insister là-dessus, il y a des choses dont il vaut mieux ne plus parler. Oh ! vous savez bien vous-mêmes les risques que je veux dire.

— Combien de fois vous ai-je déjà dit, combien de fois faut-il vous redire que vous ne courez aucuns risques ? Qu’est-ce que vous avez affirmé par serment en justice, ou qu’est-ce que vous avez encore à affirmer par serment ? qu’à telle et telle époque on vous a amené un pensionnaire du nom de Smike ; qu’il est resté chez vous un certain nombre d’années ; que vous l’avez perdu dans telles et telles circonstances ; que vous l’avez retrouvé ; que vous avez telle et telle preuve pour constater son identité. Tout cela, c’est la vérité, n’est-ce pas ?

— Oui, répliqua Squeers, tout cela est bien la vérité.

— Eh bien ! alors, où sont donc les risques à courir ? S’il y a quelqu’un qui prête un faux serment, ce n’est pas vous, c’est Snawley, et je le paye moins cher que vous.

— Il est sûr qu’il vous a pris bon marché, Snawley, remarqua Squeers.

— Bon marché ! continua Ralph avec humeur. À la bonne heure, mais cela ne l’empêche pas de s’en acquitter consciencieusement ; quelle figure hypocrite dans ses dépositions ! quel air de petit saint ! au lieu que vous… des risques ! je ne sais pas ce que vous voulez dire. Les certificats sont authentiques ; comme quoi Snawley a eu un autre fils ; comme quoi il a été marié deux fois ; comme quoi sa première femme est morte, et, à moins qu’elle ne revienne elle-même pour dire que ce n’est pas elle qui a écrit la lettre, je ne connais que Snawley qui puisse dire que Smike n’est pas son fils, et que son vrai fils est, depuis longtemps, mangé aux vers. S’il y a un parjure, c’est Snawley qui le risque, et j’imagine qu’il n’en est pas à son début. Quels sont donc les risques que vous courez ?

— Dame ! répondit Squeers en s’agitant sur sa chaise, si vous le prenez par là, et vous, où sont les vôtres ?

— Où sont les miens ? qu’est-ce que cela fait où sont les miens ? si je ne parais pas dans l’affaire, vous n’y paraissez pas