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CHAPITRE VI.

Comprenant certains détails d’une visite de condoléances qui pourrait bien avoir des suites importantes. Smike, au moment où il s’y attend le moins, fait la rencontre d’un vieil ami qui l’invite à venir chez lui, et l’emmène sans vouloir accepter d’excuses.

Catherine Nickleby ne se doutait pas le moins du monde des démonstrations amoureuses de leur voisin, pas plus que de leurs résultats sur le cœur inflammable de sa maman ; elle jouissait donc sans trouble d’un commencement de calme et de bonheur auquel elle était restée depuis longtemps étrangère, et qu’elle ne connaissait plus même par occasion rapide et passagère ; elle vivait désormais sous le même toit que son frère bien-aimé, après avoir été séparée de lui d’une manière si soudaine et si cruelle ! son âme respirait plus librement, affranchie des persécutions insolentes dont le souvenir seul faisait rougir sa joue et palpiter son cœur. Enfin, c’était pour elle toute une métamorphose. Elle avait repris son humeur, sa gaieté primitive ; ses pas avaient retrouvé leur élasticité légère, la fraîcheur était revenue colorer ses joues flétries ; Catherine Nickleby n’avait jamais été si belle.

C’était aussi l’opinion de miss la Creevy, opinion fondée sur une foule d’observations et de réflexions auxquelles elle se livra sans relâche, une fois que le cottage eut été, comme elle le disait dans son langage figuré, ramoné de la tête aux pieds, depuis la cheminée sur les toits jusqu’au décrottoir à la porte, et que l’activité de la petite femme put enfin se porter de la maison aux gens qui l’habitaient.

« Ce que je vous déclare que je n’ai pas encore pu faire depuis que je suis venue ici pour la première fois, disait-elle, car je n’ai pas eu le temps de m’occuper d’autres choses que de marteau, de clous, de tourne-vis et de vrilles, faisant le métier de serrurier depuis le matin jusqu’au soir.

— C’est que, reprit Catherine en souriant, vous ne gardez jamais une pensée pour vous-même.

— Ma foi ! ma chère enfant, je serais une grande dupe de penser à moi, quand il y a tant d’autres sujets plus agréables auxquels je puis penser. À propos ! tenez ! il y a encore quelqu’un