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Page:Dickinson - Lettre adressée aux habitants de la province de Québec, ci-devant le Canada, 1874.djvu/14

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tranquillité d’eſprit qui provient de l’opinion que chacun a de ſa ſûreté ; & pour qu’on ait cette liberté, il faut que le Gouvernement ſoit tel qu’un Citoyen ne puiſſe pas craindre un autre Citoyen. Lorſque dans la même perſonne ou dans le même corps de Magiſtrature, la puiſſance légiſlative eſt réunie à la puiſſance exécutrice, il n’y a point de liberté ; parce qu’on peut craindre que le même Monarque ou le même Sénat ne faſſent des loix tyranniques pour les exécuter tyranniquement. »

« La puiſſance de juger ne doit pas être donnée à un Sénat permanent, mais exercées par des perſonnes tirées du corps du peuple dans certains temps de l’année, de la manière preſcrite par la loi, pour former un tribunal qui ne dure qu’autant que la néceſſité le requiert. »

« Les Militaires ſont d’une profeſſion qui peut-être utile, mais devient ſouvent dangéreuſe. » « La jouiſſance de la liberté conſiſte en ce qu’il ſoit permis à chacun de déclarer ſa penſée & de découvrir ſes ſentiments. »

Appliquez à votre ſituation préſente ces maximes déciſives, qui ont la ſanction de l’autorité d’un nom que toute l’Europe révere. On pourrait avancer que vous avez un Gouverneur revêtu de la puiſſance exécutrice ou des pouvoirs de l’adminiſtration ; c’eſt en lui & en ſon Conſeil qu’eſt placée la puiſſance légiſlative : vous avez des Juges qui doivent décider dans tous les cas où votre vie, votre liberté ou vos biens ſont en danger, & effectivement, il ſemble qu’il ſe trouve ici une diſtribution & répartition de diverſes puiſſances en des mains