Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/105

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sociale d’un pays. Cette question est d’un grand intérêt et d’une haute importance.

La première réflexion qui se présente à l’esprit, lorsqu’on porte son attention sur la banqueroute des gouvernemens, c’est qu’elle dépouille les créanciers de l’état au profit de ses contribuables, ôte aux uns pour donner aux autres, et ruine le créancier pour ne pas surcharger le débiteur.

Que cette mesure soit injuste, odieuse et révoltante, c’est ce que personne ne conteste, mais ce qu’on croit excuser par la grande considération des nécessités publiques ; souvent même se croit-on dispensé de toute excuse dans ces malheureux pays où le prince confond l’état avec lui, dispose de la propriété privée comme de la propriété publique, et dépouille ou- enrichit qui bon lui semble. Eh bien, dans un cas comme dans l’autre, le prince fait mal ses affaires, s’il est le maître de tout, ou il compromet inutilement la fortune publique s’il n’en est que l’administrateur. C’est ce qu’il me semble facile de démontrer jusqu’à l’évidence.

Dans le fait, la banqueroute publique déplace la richesse d’un pays, et la transfère d’une classe de la population à l’autre. Or, le déplacement seul est un mal et un très - grand mal pour la richesse d’un pays.

Il force les créanciers de l’état qu’il atteint à restreindre leurs consommations, et les produc-