Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/269

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qui en dernière analyse n’est qu’un placement de capitaux avec plus ou moins de chances, c’est qu’il y a des marchés publics qu’on appelle bourses, où l’on règle la quotité de l’escompte de la même manière qu’on établit dans les autres marchés la valeur des marchandises qu’en y met en vente, d’où il suit que l’argent n’est à la bourse qu’une marchandise. On en fait légalement et légitimement trafic contre les besoins publics et particuliers, ou contre la loyauté et la solvabilité des gouvernemens et des particuliers ; et non-seulement on ne s’en offense pas, mais on n’élève pas même de doute sur la légitimité et l’utilité de ces sortes, de trafic d’argent. Toutefois, par une contradiction révoltante, les lois condamnent comme usuraire le prêt à intérêt au delà du taux qu’elles ont fixé.

De sorte qu’il est licite et même louable de recevoir à la bourse un intérêt de 30, 40 ou 50 pour % sur la dette publique et particulière, et l’on est coupable d’usure et punissable de peines correctionnelles si l’on prête à intérêt au-dessus, de 5 pour % à un débiteur dont on juge que les engagemens n’ont pas toute la valeur qu’ils expriment. Dans un cas on peut faire valoir son argent au taux du marché, et, dans un autre, on ne peut lui donner d’autre valeur que celle que la loi lui a assignée. Expliquera qui pourra cette bizarrerie dans la législation des peuples ; mais n’est-ce pas le cas de dire comme le poêle :

O cœcas bominum mentes !